01/07/2025 reseauinternational.net  4min #282870

 Cessez-le-feu entre l'Iran et Israël : déclaration du Conseil suprême de la sécurité nationale

La dépendance de Netanyahou à la guerre : comment l'escalade contre l'Iran menace la sécurité à long terme d'Israël

par Peiman Salehi

Dans le sillage de la guerre de douze jours opposant l'Iran et Israël, de nombreux observateurs en Iran - et de plus en plus dans la communauté analytique internationale - s'inquiètent de l'imminence d'un nouveau conflit, beaucoup plus vaste. Malgré le coût du dernier affrontement, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, semble prêt à répéter la même erreur stratégique, cette fois aux conséquences potentiellement plus graves et irréversibles.

Du point de vue de nombreux analystes iraniens, les motivations de Netanyahou ne relèvent plus de la sécurité nationale ou de la dissuasion régionale, mais sont liées à un calcul politique désespéré : assurer sa survie face à une forte opposition intérieure, des enquêtes judiciaires et un déficit de légitimité. Avec ce prisme, son recours au conflit externe n'est plus une question de protection d'Israël, mais un moyen de protection personnelle contre la reddition de comptes.

La stratégie de Netanyahou rappelle une tactique ancestrale des dirigeants en crise : entretenir ou déclencher des conflits militaires afin de détourner l'attention publique, retarder les compte-rendus internes et redéfinir le débat politique comme une question existentielle. Mais cet usage répété de la tactique produit des retours décroissants : chaque nouvel affrontement révèle davantage les limites de l'efficacité militaire israélienne et accentue son isolement sur la scène internationale.

La guerre récente a livré des enseignements majeurs. L'Iran, agissant seul et sans mobiliser ses réseaux alliés (comme le Hezbollah ou les milices irakiennes - PMU), a lancé des frappes de missiles soutenues au cœur du territoire israélien. Malgré des investissements massifs dans la défense anti-aérienne et la coopération en matière de renseignement avec des alliés occidentaux, Israël n'a pas réussi à empêcher des dégâts significatifs sur ses infrastructures et ses installations stratégiques. Plus encore, la riposte iranienne a montré non seulement une capacité militaire, mais aussi une résilience stratégique doctrine.

Pour Netanyahou, cependant, cette guerre ne s'est pas soldée par une victoire décisive d'Israël. Et c'est là que réside le danger politique : un cessez-le-feu sans victoire est, pour les faucons, assimilable à une défaite. Confronté à une pression croissante - manifestants, rivaux politiques, tribunal - Netanyahou paraît prisonnier d'une stratégie de survie fondée sur la guerre. Tant que le conflit perdure, la reddition de comptes est reportée. Les questions restent sans réponse. Les critiques sont taxés de déloyaux. La guerre devient l'adhésif de son pouvoir chancelant.

Or ce cycle est fondamentalement insoutenable. Chaque escalade rapproche Israël du précipice - militairement, diplomatiquement et économiquement. À chaque missile échangé et à chaque manchette médiatique axée sur la guerre, la profondeur stratégique d'Israël se réduit, ses alliances se fragilisent et sa crédibilité dissuasive s'affaiblit. Pire encore, il devient de plus en plus évident que Netanyahou sacrifie la sécurité nationale à long terme pour assurer sa continuité politique à court terme.

À Téhéran, l'anticipation d'un nouveau conflit est associée à une large préparation. Autorités et analystes attendent un nouveau cycle, que ni Israël ne pourra remporter pleinement, ni l'Iran supporter sans rétorsion. Contrairement au conflit précédent, une nouvelle escalade pourrait déclencher un alignement régional plus vaste - impliquant potentiellement le Hezbollah, les Houthis, et d'autres milices dans la région. Et bien que les États-Unis puissent soutenir Israël à nouveau, la question fondamentale demeure : à quel prix ?

Le pari de Netanyahou n'est donc pas uniquement militaire - il est existentiel. En instrumentalisant la guerre à des fins politiques, il a mal évalué les dynamiques régionales en mutation. L'Iran a démontré sa capacité à absorber des frappes et à riposter de manière asymétrique et mesurée. Plus important encore, il a redéfini la narration : la survie devient une victoire, et la résistance face à la puissance écrasante devient un acte de résilience.

Si Netanyahou poursuit dans cette voie, Israël pourrait bientôt se trouver dans un conflit prolongé dont il ne sortira pas sans crise politique intérieure. Le danger ne réside pas seulement dans une défaite militaire, mais dans l'épuisement stratégique, l'isolement international et l'effondrement interne.

Au final, la force d'une nation ne se mesure pas au nombre de guerres qu'elle peut déclencher, mais à la sagesse qu'elle déploie pour éviter les mauvaises batailles. La recherche incessante de conflits par Netanyahou peut lui apporter un abri politique temporaire, mais au prix d'un avenir compromis pour Israël. Le monde observe - et beaucoup réalisent désormais que la véritable menace pour la sécurité d'Israël ne vient peut-être pas de l'extérieur, mais de sa propre direction.

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